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Depuis quelques jours, l’intervention du président Emmanuel Macron affirmant que la France et ses alliés sont « quasiment en guerre » avec la Russie a surpris et divisé. Ce ton martial tranche avec la situation militaire réelle sur le terrain ukrainien, où l’armée russe peine à progresser après trois ans de conflit. Faut-il voir dans cette déclaration une anticipation lucide d’un péril imminent, ou une stratégie politique visant à forger une Europe de la défense sur la base d’une peur amplifiée ?
Bilan militaire : une armée en grande difficulté
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie n’a pas réussi à atteindre ses objectifs stratégiques initiaux. Kiev, la capitale, devait tomber en quelques jours ; trois ans plus tard, la ligne de front est figée, et les forces russes accumulent les pertes humaines et matérielles :
Capacité de projection limitée
L’armée russe, qui se voulait la deuxième armée du monde, a démontré de graves lacunes :
En résumé, la Russie ne parvient même pas à soumettre un pays voisin avec une armée bien plus petite, ce qui relativise fortement sa capacité à s’attaquer à un ensemble de pays membres de l’OTAN, beaucoup mieux équipés et entraînés.
Économie russe fragilisée
Si la Russie résiste mieux que prévu aux sanctions occidentales, son économie reste largement inférieure à celle de l’Union européenne ou des États-Unis :
Dépendance énergétique et isolement technologique
Malgré une relative stabilité grâce aux exportations d’hydrocarbures, la Russie subit :
En face, l’Union européenne bénéficie d’une économie intégrée, technologiquement avancée et capable de soutenir un effort de défense de long terme.
Critères | Russie (2024) | OTAN (2024) |
Dépenses militaires | Environ 100 milliards $ | Environ 1 300 milliards $ |
Effectifs actifs | 1 million (dont une partie conscrite) | 3,3 millions |
Chars | Environ 10 000 (dont beaucoup obsolètes(T72, T80) | Environ 14 000 (modernes) |
Véhicules blindés | Environ 25 000 | Environ 50 000 |
Avions de chasse | Environ 1200 appareils | Environ 4500 appareils |
Bombardiers stratégiques | Environ 70 | Environ 140 |
Drones de combat | Limités, environ 500 | Plusieurs milliers (y compris drones furtifs) |
Flotte navale | Environ 300 unités | Environ 2 000 unités |
La supériorité technologique de l’OTAN est flagrante : l’alliance déploie des appareils de 5e génération (F-35) alors que la Russie peine à produire des Su-57 en nombre.
L’OTAN représente donc une force militaire largement supérieure, tant en effectifs qu’en technologie et en capacité de projection.
Un président face à une Europe divisée
Emmanuel Macron s’exprime dans un contexte où l’Europe peine à se coordonner face aux menaces extérieures :
Créer une « peur structurante »
Face à ce tableau, le président français cherche à créer une prise de conscience collective :
En résumé, Emmanuel Macron dramatise la menace russe pour fédérer autour d’un projet européen de défense, et non parce que la Russie serait militairement capable d’envahir l’Europe de l’Ouest.
Créer un électrochoc pour relancer la défense européenne
En évoquant une menace existentielle de la Russie contre l’Europe, Emmanuel Macron cherche aussi à imposer une vision politique : celle d’une Europe capable de se défendre par elle-même. Cette stratégie répond à plusieurs enjeux :
Un levier politique face aux divisions internes
En dramatisant la situation, le président français tente également de mobiliser à l’échelle nationale, dans un contexte où la politique de défense reste souvent éloignée des préoccupations quotidiennes des citoyens.
S’il ne faut pas sous-estimer les risques de provocations ou d’escalades aux frontières de l’OTAN, la capacité réelle de la Russie à envahir ou déstabiliser militairement l’Europe occidentale reste très limitée. La déclaration d’Emmanuel Macron semble donc avant tout une stratégie de communication, visant à accélérer la construction d’une Europe de la défense.
Plutôt qu’une peur panique, c’est une prise de conscience lucide qui semble nécessaire : oui, il faut se préparer et renforcer nos capacités, mais non, la Russie d’aujourd’hui n’a ni les moyens ni la force de s’attaquer à l’ensemble de l’Europe.
Et vous ? Quelle est votre perception de cette déclaration ? Pensez-vous que la menace russe justifie une telle alerte ?
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