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Disproportion des engagements de caution : Analyse de l’arrêt du 29 septembre 2015

Le 04 novembre 2015
Disproportion des engagements de caution : Analyse de l’arrêt du 29 septembre 2015
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1. Résumé succinct

Contexte :

Parties impliquées :Société Caisse d'Épargne et de Prévoyance Île-de-France (créancier).
Mme X... et M. Y... (cautions solidaires).
Juridiction concernée : Cour de cassation, Chambre commerciale.
Nature du litige : Validité des engagements de caution au regard de leur disproportion par rapport aux biens et revenus des cautions.

Impact principal :
La Cour réaffirme que la disproportion d’un engagement de caution doit être appréciée au moment de sa conclusion, en tenant compte des engagements antérieurs. La décision consolide la protection des cautions en cas de disproportion manifeste, invalidant les cautions abusives ou excessives.


2. Analyse détaillée

Les faits :
En 2007, Mme X... et M. Y... se portent cautions solidaires pour plusieurs prêts contractés par deux sociétés (ADMF Participation et AFI Conseil) pour des montants cumulés importants, atteignant respectivement 312 000 € par engagement initial, puis 54 296,48 € et 23 447,29 € chacun pour d’autres engagements. Les entreprises sont mises en redressement judiciaire, puis en liquidation. La banque engage une procédure pour recouvrer les montants garantis auprès des cautions.

La procédure :

Cour d’appel de Paris (14 juin 2013) : La cour valide partiellement les engagements de caution, estimant que certains engagements étaient proportionnés.
Pourvoi en cassation : Les cautions contestent la validation de certains engagements, tandis que la banque conteste le rejet d’autres cautionnements.

Le contenu de la décision :

Arguments des parties :

Banque : Affirme que les engagements pris individuellement étaient proportionnés aux revenus et biens des cautions.
Cautions : Soulevaient la disproportion manifeste de leurs engagements cumulés, empêchant leur exécution raisonnable.

Raisonnement juridique de la Cour :La Cour rappelle que la proportionnalité des engagements doit être appréciée au moment de leur souscription, en intégrant les engagements antérieurs.
Elle critique la Cour d’appel pour avoir omis de considérer les engagements cumulés pour évaluer la disproportion.

Solution retenue :La Cour casse partiellement la décision de la Cour d’appel, rappelant que la disproportion des engagements doit être appréciée globalement.

3. Références et articles juridiques
Référence de la décision :
Cour de cassation, Chambre commerciale, 29 septembre 2015, n° 13-24.568

Textes juridiques appliqués :

Article L. 341-4 du Code de la consommation :
Interdit aux créanciers de se prévaloir d’un cautionnement manifestement disproportionné au moment de sa conclusion.

Article 1134 du Code civil (ancien) :
Force obligatoire des contrats.

4. Analyse juridique approfondie

Raisonnement juridique :

La Cour insiste sur la nécessité de considérer l’ensemble des engagements antérieurs lors de l’évaluation de la proportionnalité d’un nouveau cautionnement. Une évaluation isolée d’un engagement sans tenir compte de l’ensemble des obligations serait contraire aux exigences de protection des cautions.

Conséquences juridiques :

Impact sur la jurisprudence : Renforce la vigilance requise pour l’octroi de cautionnements, réduisant les risques de garanties excessives.

Évolution des pratiques : Les créanciers doivent s’assurer de l’équilibre financier global des cautions au moment de la signature, en tenant compte des engagements passés.

5. Critique de la décision

Points faibles ou controversés :

La décision complexifie l’analyse des engagements de caution, augmentant le risque de contentieux.
Elle renforce la protection des particuliers contre des engagements abusifs, mais peut freiner l’octroi de prêts nécessitant des garanties.


6. Accompagnement juridique
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Droit des cautions et garanties financières.
Résolution de litiges entre créanciers et cautions.

Cass Com 29 septembre 2015 n°13-24.568

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