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Empiètement et démolition : une décision clé sur la proportionnalité

Le 30 novembre 2016
Empiètement et démolition : une décision clé sur la proportionnalité
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1. Résumé succinct

Contexte :

Parties impliquées : M. et Mme X (propriétaires d’une parcelle AN 305) et M. et Mme Y (propriétaires d’une parcelle AN 151) contre M. Z (propriétaire de la parcelle 462).
Juridiction concernée : Cour de cassation, Troisième Chambre civile.
Nature du litige : Litige portant sur un empiètement d’un bâtiment construit par M. Z sur les parcelles des consorts X et Y, ces derniers demandant la démolition complète de la construction.

Impact principal :
Cette décision marque une limite à la démolition totale des constructions en cas d’empiètement mineur, en imposant une analyse de proportionnalité et la recherche d’alternatives moins drastiques.


2. Analyse détaillée

Les faits
M. Z a construit un atelier-garage sur sa parcelle 462, lequel empiète légèrement (0,04 m²) sur les parcelles de ses voisins X et Y.
Les consorts X et Y ont assigné M. Z en justice pour obtenir la démolition complète du bâtiment en vertu des articles 544 et 545 du Code civil.

La procédure
Cour d’appel de Bourges (2 juillet 2015) :Condamnation de M. Z à démolir intégralement le bâtiment litigieux.
La Cour considère que l’empiètement, bien que minime, suffit à justifier la démolition.
Cour de cassation (10 novembre 2016) :Cassation partielle de la décision d’appel pour absence d’examen de la proportionnalité de la sanction et des alternatives possibles, comme le rabotage.

Contenu de la décision

Arguments des parties :

Consorts X et Y : Défendent leur droit absolu de propriété, justifiant la démolition totale.
M. Z : Conteste la sanction disproportionnée, invoquant l’abus de droit des demandeurs.

Raisonnement juridique :

La Cour rappelle que l’usage du droit de propriété doit être mesuré et proportionné.
Elle critique la Cour d’appel pour ne pas avoir évalué si un rabotage du mur suffirait à mettre fin à l’empiètement.

Solution retenue :Cassation partielle et renvoi devant la Cour d’appel d’Orléans pour réévaluation.

3. Références et articles juridiques
Références
Décision : Cass. civ. 3e, 10 nov. 2016, n° 15-25.113,

Textes appliqués
Article 544 du Code civil : Droit de propriété.
Article 545 du Code civil : Interdiction de porter atteinte à la propriété d’autrui.

4. Analyse juridique approfondie

Raisonnement juridique

Proportionnalité de la sanction :La Cour souligne que la destruction totale d’un bâtiment pour un empiètement minime (0,04 m²) pourrait être une mesure disproportionnée.

Abus de droit :Elle invite à examiner si les consorts X et Y n’ont pas agi de manière malveillante ou excessive.

Conséquences juridiques

Impact sur la jurisprudence : Clarification des critères d’évaluation de la proportionnalité dans les litiges d’empiètement.

Évolution des pratiques : Encourage les juridictions à explorer des solutions moins drastiques pour résoudre les conflits entre voisins.

5. Critique des sources et de la décision

Points faibles ou controversés
La Cour n’établit pas de critères stricts pour déterminer la proportionnalité, laissant une large marge d’appréciation aux juridictions inférieures.
Fiabilité
La décision s’appuie sur des principes fondamentaux de droit civil et met en lumière la nécessaire articulation entre droit de propriété et proportionnalité.


6. Accompagnement juridique
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Civ 3 eme civ 10 nov 2016 n°15-25.113

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