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Prêts en devises : obligations des banques renforcées

Le 14 avril 2017
Prêts en devises : obligations des banques renforcées
prêt en devises - risque de change - clause abusive - Cour de cassation - droit bancaire - avocat Saint-Nazaire.

1. Résumé succinct
Contexte :

Parties impliquées : M. Y., emprunteur, et BNP Paribas Personal Finance, prêteur.
Juridiction concernée : Cour de cassation, Chambre civile 1.
Nature du litige : Contestation par l'emprunteur d'une clause d'indexation du prêt sur le taux de change euro/franc suisse et d’un manquement du prêteur à ses obligations d’information et de mise en garde.

Impact principal :
Cette décision renforce les obligations d’information et de mise en garde des établissements bancaires envers les emprunteurs non avertis, particulièrement dans les contrats complexes exposant à des risques spécifiques comme les prêts en devises étrangères.


2. Analyse détaillée

Les faits
En juillet 2009, BNP Paribas Personal Finance a accordé à M. Y. un prêt en francs suisses (monnaie de compte) remboursable en euros (monnaie de paiement).
La clause d’indexation liait les remboursements à la fluctuation du taux de change euro/franc suisse.
M. Y. a contesté la clause, invoquant un déséquilibre significatif entre les parties et un manquement de la banque à son devoir de mise en garde et d’information.


La procédure
Cour d’appel de Douai (17 septembre 2015) :Déclare licite la clause d’indexation.
Rejette les demandes d’indemnisation de M. Y.
Cour de cassation (29 mars 2017) :Cassation partielle : la Cour reproche à la cour d’appel de ne pas avoir examiné d’office le caractère abusif de la clause ni suffisamment évalué le devoir de mise en garde.

Contenu de la décision

Arguments des parties :

M. Y. :Clause abusive : elle transférait le risque de change exclusivement sur l’emprunteur. Défaut d’information claire et mise en garde.

BNP Paribas :Clause conforme à la loi et transparence sur les risques.


Raisonnement juridique :

Clause d’indexation : La Cour d’appel aurait dû examiner d’office si elle créait un déséquilibre significatif (article L. 132-1 du Code de la consommation).
Devoir de mise en garde : La banque devait alerter M. Y., emprunteur non averti, sur le risque de surendettement dû à la fluctuation du taux de change.

3. Références et articles juridiques

Références
Décision : Cass. civ. 1, 29 mars 2017, n° 15-27.231,

Textes appliqués
Article L. 132-1 du Code de la consommation (aujourd'hui L. 212-1) : Interdit les clauses abusives créant un déséquilibre significatif au détriment du consommateur.
Article 1147 du Code civil (ancienne rédaction) : Obligation de réparation en cas de manquement à une obligation contractuelle.

4. Analyse juridique approfondie

Raisonnement juridique

Caractère abusif des clauses :La clause imposait un risque de change exclusif à l’emprunteur sans contrepartie suffisante.

Devoir de mise en garde :Une banque doit évaluer les capacités financières de l’emprunteur et le prévenir des risques liés aux spécificités du prêt.

Conséquences juridiques

Impact sur la jurisprudence : La décision rappelle l’importance d’un contrôle rigoureux des clauses contractuelles par les juges.

Pratiques bancaires : Obligation accrue de transparence et de vigilance pour les établissements prêteurs.

5. Critique des sources et de la décision
Points faibles ou controversés
L’absence d’examen d’office par la cour d’appel a retardé l’aboutissement du litige.
Fiabilité
La Cour de cassation a renforcé les droits des consommateurs face aux établissements financiers.


6. Accompagnement juridique
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Cass 1ère civ 29 mars 2017 n°15-27.231

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