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Violences conjugales : Liberté de preuve en droit pénal - arrêt du 2 juin 2015

Le 30 septembre 2015
Violences conjugales : Liberté de preuve en droit pénal - arrêt du 2 juin 2015
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1. Résumé succinct

Contexte :

Parties impliquées : M. Jérôme X... (prévenu) contre Mme C... (partie civile).
Juridiction concernée : Cour de cassation, Chambre criminelle.
Nature du litige : Condamnation pour violences aggravées (physiques et morales) au sein d’un couple en cours de séparation.

Impact principal :
La décision établit que le principe de liberté de la preuve en matière pénale prime sur les interdictions de témoignages prévues par le Code de procédure civile. Elle confirme également que les violences morales peuvent être caractérisées par des comportements répétés de dénigrement et de harcèlement.


2. Analyse détaillée

Les faits :
M. X... a été poursuivi pour des violences répétées sur son épouse, Mme C..., survenues entre décembre 2009 et mars 2013. Les faits incluaient des agressions physiques, des insultes, des comportements intimidants, et des violences morales. La relation conjugale était marquée par des tensions exacerbées dans le cadre d’une procédure de divorce entamée en 2013.

La procédure :

Première instance : Le tribunal correctionnel a condamné M. X... à quatre mois de prison avec sursis pour violences aggravées, incluant la prise en compte des témoignages des enfants et des certificats médicaux.
Cour d’appel de Poitiers (12 juin 2014) : La cour a confirmé la culpabilité de M. X., estimant que les preuves présentées, y compris les témoignages des enfants et des tiers, étaient recevables et suffisantes.
Pourvoi en cassation : M. X... a contesté l’arrêt, invoquant notamment l’irrecevabilité des témoignages des enfants et l’absence de preuve tangible pour certaines accusations.

Le contenu de la décision :

Arguments des parties :

M. X... : Contestait la recevabilité des témoignages des enfants, invoquant l'article 205 du Code de procédure civile, et considérait que les faits retenus étaient insuffisamment établis.
Mme C... : Soutenait que les violences étaient avérées par les certificats médicaux et les témoignages de tiers, y compris les enfants.

Raisonnement juridique de la Cour :

La Cour a rappelé que les règles de preuve civile ne s’appliquent pas en matière pénale, en vertu du principe de liberté de la preuve.
Elle a validé l’utilisation des témoignages des enfants et des certificats médicaux pour établir les faits de violences.

Solution retenue :La Cour a rejeté le pourvoi et confirmé l’arrêt d’appel, jugeant que les preuves avaient été librement et contradictoirement débattues.

3. Références et articles juridiques
Référence de la décision :
Cour de cassation, Chambre criminelle, 2 juin 2015, n° 14-85.130

Textes juridiques appliqués :

Article 222-13 du Code pénal :
Prévoit les peines applicables aux violences commises sur un conjoint ou ancien conjoint.


Article 427 du Code de procédure pénale :
Énonce le principe de liberté de la preuve en matière pénale.


Article 205 du Code de procédure civile :
Interdit le témoignage des descendants sur les griefs invoqués dans les procédures de divorce (non applicable en pénal).

4. Analyse juridique approfondie

Raisonnement juridique :

La Cour a validé les témoignages des enfants comme preuves recevables, considérant que leur interdiction en matière civile ne s’étend pas au droit pénal. Elle a également souligné que les certificats médicaux, corroborés par des témoignages cohérents de tiers, constituaient des preuves suffisantes pour établir les faits de violences.

Conséquences juridiques :

Impact sur la jurisprudence : Cette décision confirme que le droit pénal prime les considérations civiles en matière de preuve, renforçant la protection des victimes de violences conjugales.


Évolution des pratiques : Encourage les juridictions à prendre en compte des éléments probants divers, même dans des contextes émotionnellement sensibles comme les conflits familiaux.

5. Critique des sources et de la décision

Points faibles ou controversés :

L’utilisation des témoignages des enfants peut soulever des préoccupations éthiques et psychologiques.
La prise en compte de violences morales, bien qu’importante, reste difficile à objectiver, ce qui pourrait entraîner des incertitudes dans d’autres affaires similaires.


6. Accompagnement juridique
Pour des affaires complexes de violences conjugales ou familiales, il est conseillé de consulter la SELARL Philippe GONET, cabinet d’avocats expérimenté en :

Défense des victimes de violences.
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 Cass Crim 2 juin 2015 n°14-85.130

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